Nougatine · 15 ans

Adoption sous un don libre

Il y a longtemps, si longtemps maintenant, j’ai été attrapée par la SLPA pour être stérilisée et remise dans mon quartier. Une chatte libre, on m’appelait ! Et fière de l’être. Malgré ce statut, je me suis quand même trouvée une personne de confiance chez qui je pouvais aller me faire papouiller et nourrir afin de vivre ma plus belle vie.

Le temps s’est écoulé, les années sont passées, et nous avons vieilli ensemble. Je pensais partir la première, et peut-être s’y était-elle préparée, mais au bout du compte, c’est moi qui me suis retrouvée seule. Le cœur lourd, je suis redevenue libre, allant dans le quartier, cherchant la compagnie des humains qui me connaissaient déjà. J’ai même été jusqu’à me retrouver une amie qui s’occupait de moi, mais encore une fois, le sort en a voulu autrement, et la solitude s’est à nouveau emparée de moi.

Du haut de mes quinze ans, je sens mon corps m’abandonner doucement. Ma vue m’a quitté, et c’est dans une obscurité permanente que j’évolue désormais, cherchant le contact des habitants du quartier qui continuaient à s’occuper de moi. Jusqu’à ce que je me perde dans ces ténèbres qui m’entourent, loin de chez moi, loin de tout ce que je connais, des odeurs familières qui m’orientaient, et du contact si doux de mes voisins.

C’est ainsi que mon chemin m’a mené à nouveau au refuge, de longues années plus tard, sauvé de mon sort par un bon samaritain qui me voyait errer, dépérissant, devant chez lui. Les dents en mauvais état, les reins à deux doigts de lâcher et la santé défaillante, mon état était trop délicat pour retrouver mon milieu habituel. Mes humaines de compagnie, celles qui s’occupaient de moi quand j’ai perdu ma meilleure amie, ont décidé à contrecoeur de faire confiance au refuge pour me trouver le foyer le plus adapté à ma situation.

C’est donc pour cela que vous appelle aujourd’hui, vous qui suivez le refuge dans lequel je passe mes journées. Je sais que mes jours sont désormais comptés, et qu’il ne me reste peut-être qu’une ou deux années, peut-être moins, à marcher sur cette terre que je ne vois plus.

Aidez-moi à trouver une famille qui pourra me berçer, me papouiller, et s’occuper de moi malgré ma santé défaillante. Je ne pourrais jamais voir vos visages, mais votre geste restera à jamais gravé dans mon petit cœur de chat.